C’est un crève-cœur, mais j’ai dû m’y résoudre. Après des années à les avoir trimballés à droite à gauche, je me suis défait de mes dictionnaires bilingues. C’est ridicule de ressentir un pincement au cœur pour un bloc de papier, bien sûr, pourtant, ils m’ont accompagné partout pendant près de vingt ans. Il va sans dire que je ne les ai pas ouverts une seule fois lors des dix dernières années.
J’ai bien tenté de les vendre en ligne (sans succès), de les refourguer, enfin, d’en faire don à une personne ou une organisation susceptible d’en avoir besoin (tu parles) ou même de les jeter simplement. Rien n’y a fait, ils sont restés dans mes étagères, servant de piédestaux illustres à la poussière tombante. Et bien, ils ont finalement fini dans la poubelle de tri et je ne suis pas fier d’écrire ces lignes. Me confesser virtuellement soulage sans doute quelque peu mon âme…
Au-revoir, dictionnaire papier (?)
Au-delà du fait que je les ai achetés à une époque qui fait que l’on peut les considérer comme caducs, il faut bien regarder la vérité en face. Pour un dictionnaire bilingue généraliste, le format papier est ridicule. Les dictionnaires pullulent sur le web et mettent leurs services à disposition gratuitement, financés par la publicité. Étant dotés par ailleurs de corpus de textes servant d’exemples en contexte, comme le propose bab.la ou linguee, les dictionnaires en ligne sont en fait bien plus efficaces et complets que leurs équivalents reliés. Enfin, ils ont l’avantage d’être mis à jour et constamment améliorés, au fil des néologismes et des réformes linguistiques.
Une exception demeure : les dictionnaires spécialisés. Il est très difficile de trouver des dictionnaires ou même des glossaires dans certains domaines spécifiques ou dans des combinaisons linguistiques rares en ligne. Si je ne suis pas concerné par ce dernier cas de figure, il n’en reste que traduire un texte juridique de l’allemand vers le français exige des outils qui ne sont pas disponibles en ligne, en tout cas pas gratuitement.
Les irréductibles
Le Doucet par exemple, Dictionnaire juridique et économique français-allemand, m’est indispensable pour certains clients et certains projets. Ou encore le Guide anglais-français de la traduction de René Meertens regorge de trucs et astuces pour une traduction idiomatique. Or, ce genre de conseils ne sont pas disponibles en ligne. Si j’ai certes ces ouvrages imprimés à portée de main, on peut quand même se poser la question pour combien de temps. Aussi agréables soient-ils, ils seraient largement plus pratiques et efficaces de les consulter sous forme numérique. Ces ouvrages si précieux viendront-ils donc aussi à disparaitre ?